La personne obèse qui décide de se faire opérer et commence le chemin bariatrique avec beaucoup d’attentes, avec beaucoup de bonnes intentions et croit savoir quel sera le chemin et bien qu’elle ait été suffisamment informée dans la phase de pré-intervention par l’équipe qui la suit et après avoir écouté tant d’avis, en réalité c’est une chose de l’imaginer et c’est une chose de vraiment le vivre, après une intervention.
Dans la période post-opératoire, de nombreuses difficultés surgissent pour le patient subissant une chirurgie bariatrique, car il commence une nouvelle vie et se retrouve avec un nouveau corps à gérer.
Tout d’abord, dans la période post-opératoire immédiate, il y a un régime alimentaire très rigide qui sollicite déjà l’estomac (le patient doit réapprendre à manger à travers un vrai sevrage), mais ensuite d’autres difficultés surviennent également parce qu’il y a un corps qui change, un corps qui maigrit et que le patient ne reconnaît peut-être même pas.
La balance dit par exemple qu’il a perdu trente kilos mais pas ses yeux, son cerveau continue à se percevoir avec les 30 kilos déjà perdus et c’est un signal important d’un point de vue psychologique, car le patient doit commencer à faire face à sa nouvelle apparence physique et la regarder différemment, en en étant de plus en plus conscient.
Parfois le manque de reconnaissance tient aussi au fait que les attentes ne se concrétisent pas : la patiente savait consciemment des choses, mais pensait inconsciemment que perdre du poids signifiait aller mieux, se sentir plus belle, avoir plus de confiance en elle ; si cette attente ne se produit pas, le patient entre en crise et s’il ne demande pas d’aide, il reprend facilement du poids.
Si la personne obèse a déjà subi un traumatisme, un corps volumineux la protège des autres parce que ce n’est pas un corps attrayant, ce n’est pas un corps censé bien fonctionner ; un corps amincissant est plus visible pour les autres, donc le patient commence à avoir plus d’attention, commence à être plus exposé aux relations sociales et cela peut le mettre dans beaucoup de difficultés, mais pas tellement parce que son corps perd du poids mais parce qu’il se réactive toute une série de peurs ou de difficultés que par le passé la personne remplissait de nourriture et que maintenant elle doit traiter et auxquelles elle ne peut plus échapper.
Dans la période post-opératoire, le patient doit apprendre à gérer son alimentation émotionnelle, donc avec sa faim émotionnelle, avec ses émotions et peut-être devra-t-il apprendre à gérer une plus grande estime de soi et une plus grande confiance en soi qui ne savaient pas et ce qui amène la personne à changer vis-à-vis des autres et parfois à se clasher, à avoir du mal à entrer en relation avec les autres, car la personne obèse est une personne passive, qui dit oui à tout, qui ne gêne pas ; un ex obèse devient une personne plus active mais aussi plus « mal à l’aise » car c’est une personne avec plus d’assurance, une personne qui a réussi un chemin, ou qui réussit et qui veut donc avoir son mot à dire et qui est certainement plus difficile à gérer.
Un autre élément important à considérer dans la période post-opératoire est une perte de poids insatisfaisante, inférieure à ce qui était attendu ou à ce que le patient attendait après une chirurgie bariatrique ; le patient doit gérer un parcours inattendu, il peut commencer à avoir des difficultés auxquelles il ne s’attendait pas, des obstacles inattendus dans un moment déjà délicat comme la phase post-opératoire. Ici, dans ce cas, le soutien psychologique est très important pour soutenir le patient face à ces difficultés inattendues et l’aider à trouver de nouvelles stratégies d’adaptation, c’est-à-dire des stratégies d’adaptation cognitivo-comportementale qui lui permettent de sortir de cette impasse.
Il faudra aussi apporter un soutien psychologique au changement de vie qui s’opère ; il est essentiel d’accompagner le patient dans cette nouvelle vie qui est la sienne, de ne pas le faire se sentir seul face à la découverte d’une vie qu’il n’a pas connue ou d’un nouveau corps qu’il n’aime pas comme il l’attendait et qui le place dans devant de nouveaux obstacles à surmonter. Il faut un certain temps pour les traiter et trouver un moyen de s’intégrer. Sachant que l’on peut compter sur un soutien psychologique, un soutien solide devient donc fondamental, surtout s’il s’agit toujours de la même figure de l’équipe qui l’a suivi depuis le début et avec qui une relation de confiance s’est établie. Le patient doit trouver la solution quelque part, sinon il la trouvera dans la nourriture et les aliments, c’est reprendre du poids.
En conclusion , si l’évaluation pré-intervention et le soutien psychologique sont importants, la personne obèse doit prendre conscience de l’importance du cheminement post-opératoire (suivi) face à son changement, car on espère qu’elle sera la plus heureuse de la monde et n’aura besoin de personne, mais le test est juste en face de la première difficulté, dans la difficulté qui émerge si la personne prend vraiment soin d’elle-même ou si elle n’a accordé d’importance qu’à l’intervention comme une fin en soi qui, comme dit plusieurs fois, ce n’est pas une baguette magique mais seulement un point de départ pour son propre changement qui demandera un engagement considérable et une profonde détermination.